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Mémo cours TL
24 avril 2014

Partie II - IV. Le bonheur est-il inaccessible ?

IV. Le bonheur est-il inaccessible ?

 

Les conceptions qui préconisent une sage mesure du désir proposent une idée du bonheur inaccessible :

→ Épicure : ataraxie = apaisement du désir par un plaisir définitivement stable

→ Épictète : apathie = extinction du désir par la force morale

Descartes : contentement = réalisation d'une volonté raisonnable organisée

Spinoza : joie = compréhension claire des causes de toutes nos tendances

Horizon de perfection qui exige le sacrifice de la pulsion désirante pour un idéal jamais accompli. La promesse du bonheur serait-elle une illusion chimérique, qui incite au contrôle sans offrir de satisfaction réelle ? 

 

  1. Un idéal de l'imagination ?

Pb : notion de bonheur admet une définition abstraite universelle :  un état stable et durable de bien-être complet.

Mais n'a de sens que comme projet de vie, incarné dans la réalité concrète de l'expérience. Autrement dit : seule définition qui vaille devrait indiquer ce qu'il serait pour moi et comment le réaliser dans la vie réelle.

 Ce qui soulève un paradoxe : le bonheur, comme idéal, suppose une totalité complète et achevée de conditions, dans un contexte contingent et particulier (donc irrégulier et imprévisible). 

 Cf. texte de Kant : les conditions matérielles du bonheur sont contradictoires entre elles, car ne peuvent reposer sur un connaissance complète et exhaustive des conditions de notre existence. Conséquence : aucune méthode déterminée (technique ou règle de vie) ne peut garantir le bonheur. Juste une simple probabilité d'y accéder par des conseils de prudence (hypothétiques).

 Explication : idéal = représentation d'un tout complet et exhaustif. Tendance naturelle de la raison à former des idées optimales comme règle pour le jugement de la réalité, qui est toujours relative et  imparfaite. 

Idées  - du monde comme tout (cosmos) - du sujet comme principe permanent (âme) - de la cause originelle ou raison suprême (Dieu). 

Mais le bonheur ≠ modèle abstrait => implique sensibilité du sujet qui l'éprouve. Donc n'est pas Idée de la raison mais la représentation d'un optimum par l'imagination (faculté de représentation sensible ≠ logique)

 

Placé en l'homme pour le forcer à s'améliorer sans cesse sans jamais trouver satisfaction ? 

 Pour Kant, ruse (piège) de la nature qui contraint à donner le meilleur de soi dans l'espoir vain d'une récompense suprême => relayé par la religion dans l'espoir d'une béatitude future.

 Alors que faire de cette tendance aliénante ? Comment en assumer le douloureux paradoxe ?

 

2. Un vif soutien du désir d'exister.

 

Recherche du bonheur = aliénation parce que sans fin réelle, mais aussi forte stimulation.

Ne faut-il pas alors chercher la "récompense" dans la recherche elle-même ? La fièvre du désir qui nous maintient en vie et en attente n'est-elle pas la vraie forme du bonheur humain ?  

 

Cf. texte de Rousseau : le désir est un jeu de la sensibilité avec l'imagination. Si bonheur = apaisement de tout désir, extincton de l'élan vital => alors autant être mort. S'éprouver dans la tension du désir et de l'attente, dans la conquête, dans l'approche du but, c'est peut-être le seul réel bonheur. Le fantasme, dimension spécifique de l'imaginaire, permet de jouir de ses illusions mieux que d'aucune réalité. 

 PB : nuance d'amertume dans ce constat. Signe d'imperfection, nature de l'homme trop hybride pour une vraie félicité. Manière de désespérer de la réalité.

 Comment trouver satisfaction sans se désinvestir de l'existence réelle ? 

 

3. Une activité spécifique à l'homme comme être de raison.

 Le bonheur relève de notre nature sensible : il doit donc être réel et non imaginaire, actif et non passif, en accord avec nos tendances et non pas contre elles. Or le plus vif contentement réel actif et conforme à nos tendances s'éprouve dans la réussite d'une action bien accomplie. 

Réusir une activité = sentiment de puissance et de liberté, réalisation d'une habileté concrète et d'une finalité préconçue. Constitue la meilleure forme de forme de réalisation de soi-même dans la réalité.  

Cf. texte Aristote : quelle activité convient le mieux à l'homme, dans la plénitude de sa nature spécifique ? L'exercice constant et le droit usage de la raison. Parmi toutes les formes d'activité, une vie de sagesse et de prudence est la plus désirable et la plus heureuse. 

 Vivre et bien vivre, pas seulement d'une vie sensitive et motrice (commune aux vivants) mais qui met en œuvre le travail de la raison. Bien penser pour bien vivre, bien juger pour bien décider : la vie heureuse repose sur l'exercice régulier et serein de la raison.

 A quoi Aristote ajoutera : en compagnie d'amis semblables, dont la sagesse nous est un modèle et un soutien.

 PB : limite des forces humaines, irrégularité des sentiments, aléas de l'existence ne permettent pas d'espérer vivre ce bonheur sans fatigue ni interruption. Au moins prend-il la forme bien réelle de la vie : vertu, amitié, plaisir et joie d'exister dans le monde qui est le nôtre, pensé comme à peu près bien ordonné.

 Conclusion : bonheur n'est pas inaccessible si on accepte de le penser au vu des aléas de la condition humaine, plutôt que dans la perspective éthérée d'une impossible perfection supra-mondaine. 

 

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