Chapitre I - II - 3. Le travail, une souffrance nécessaire (fin) ?

100. Division et automatisation des tâches : une perte d'identité ?

Dès le 18ème siècle, l'organisation du travail dans les manufactures tente de rationaliser de manière optimale l'habileté des artisans. La division des tâches complexes, la spécialisation des gestes, modifie la qualité et la quantité des activités de production. Les métiers perdent leur indépendance. 

Cf. texte Adam Smith – Richesses des nations.

 L'industrialisation de la production, au 19ème siècle, transforme l'économie agricole et artisanale en économie commerciale et industrielle. Énergies transformées, usage systématique des machines, augmentation massive des quantités de production => dévalorisation progressive de la main d’œuvre artisanale et manuelle. L'organisation scientifique du travail, en vue d'économiser les gestes, d'optimiser l'usage des machines et de standardiser la production, dérive en mécanisation du travail humain (cf. Taylorisme, fordisme...) 

 Cf. textes Marx – Manifeste et Manuscrits de 1844.

NB : dans la perspective de Kant, l'horizon d'une disparition progressive du travail aliénant vers une une mécanisation générale des tâches pourrait-elle indiquer une lente évolution vers une société moins contraignante, réconciliée et moins inégale ? 

Double problème :

D'une part, l'intégration de la valeur du travail comme indice de reconnaissance sociale et personnelle engendre une société « de travailleurs », cest-à-dire éloignée de modèles d'activité désintéressée. Le loisir, la création, la réflexion sans finalité matérielle deviennent suspects de paresse. Le loisir obtenu devient un temsp vide d'activités laborieuses. 

Cf. texte Arendt - Condition de l'homme moderne. 

D'autre part, on constate dans le monde du travail contemporain une contagion des modèles industriels vers les métiers intellectuels et les métiers du tertiaire (fonctions de création, de conception, de management, de gestion). La logique de productivité appliquée à des tâches ni quantifiables, ni mesurables objectivement → épuisement des travailleurs (troubles spycho-sociaux ou "burn-out"). 

Cf. Film Tous n'en mouraient pas (« Et puis alors, j'ai craqué ».)