Chapitre I - II - 4 - L'art, production d'un genre à part ?

4. L'art, production d'un genre à part ?

Diversité des œuvres et des objets qui relèvent de l'art.

Qualité commune : répondre à un besoin plus spirituel que matériel ?

Notion d'art esthétique → plus récente que la plupart des objets qu'elle qualifie, mais considérée comme dépassée pour les productions contemporaines.

Alors, art = domaine universel de l'activité humaine, structurant pour la culture, ou bien terme générique pour désigner le surplus de la production (luxe) au-delà des besoins collectifs ?

a. Distinguer l'art et la technique : question de finalité.

Art (sens général) = tecknè → habileté à réaliser toutes sortes de fins.

Distinction arts esthétiques (fins en soi) // mécaniques (moyens pour autre chose).

Cf. texte de Kant – CFJ §43

Art : activités qui requièrent une compétence (habileté) acquise en plus de la connaissance de l'objet (ou de la tâche) à réaliser.

Art esthétique → ni artisanat (usage mercenaire), ni agrément (satisfaction du désir) mais plaisir de l'esprit par réflexion sans objet ni fin déterminés.

Question de la différence entre ouvrages mécaniques et œuvres esthétiques.

Cf. texte de Kant – CFJ §44

 On distinguera dans les activités humaines :

• activités de productions d'objets (poiésis)

  • production par application stricte d'un procédé déterminé (technique)

  • production par correction empirique des procédés appris (art)

    • correction ponctuelle dans la perspective d'une perfection matérielle (artisanat)

    • correction permanente en vue d'une perfection formelle (art esthétique)

 Écoute commentée : sonate de Beethoven Le printemps

 PB : Beauté, seul critère pertinent pour les beaux-arts ?

b. La question du Beau : nature ou idée ?

Beauté = forme de perfection idéale -> à la fois spirituelle et snesible. 

Oeuvre d'art : doit réaliser cette perfection dans un objet perceptible, qui doit donner satisfaction dans la simple contemplation. Mais où en trouver le modèle ? 

                        dans la nature (qu'elle représente) ou dans les idées (qui l'inspirent) ? 

Selon tradition antique, art associé à la mimesis (imitation) = produit des objets singuliers : 

- artefacts volontaires et intentionnels => ne doivent rien au hasard et aux effets de la nature

- mais comme représentation => doivent renvoyer à la nature comme à leur modèle

- et cependant, retiennent davantage notre intérêt et notre attention que les objets réels (modèles) 

 => Comme s’ils faisaient affleurer une dimension des choses non directement perceptible dans la réalité.

Quelle dimension ? Qualité liée à la forme sensible des objets, à leur configuration matérielle. 

= reflet d'un principe ordonnateur transcendant (ordre divin)  // ousaisie d'un ordre immanent à la nature ? 

 1ère solution : principe transcendant, modèle ordonnateur supra-naturel. 

Cf. texte de Platon. République X.

 Peintre comme imitateur d'apparence : exemple de la représentation d'un lit.

 → à partir d'un objet produit par l'activité d'un artisan (lit)

→ comme copie d'une conception utilitaire de la nature (concept de lit)

→ qui dérive d'une connaissance théorique de la nature sensible (propriétés bois)

→ qui reflète en dégradé l'ordre des essences éternelles (idée du bois)

L'imitateur exploite le peu de science qu'il possède pour feindre une maîtrise complète. Habileté de tromperie, de ruse. Pas de beauté dans les œuvres nées de l'art (habileté) de l'homme.

 NB : critique étrange car le but de l'art n'est pas de duper mais de plaire.

Critique de Platon vise en réalité le trompeur par excellence, le sophiste qui abuse les hommes par un art du discours habile mais dépourvu de connaissances vraies.

 Arts plastiques = tromperies, idem sophistique (qui prétend maîtriser des contenus de savoir). Pour Platon, la seule beauté dans les œuvres humaines dépend d'une révélation divine et prend forme dans les discours vrais : poésie, science ou philosophie.

La beauté ne peut pas se fabriquer parce que la vérité ne peut pas s'imiter.