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Mémo cours TL
16 mars 2014

Chapitre II. III. Le désir, moyen ou obstacle du bonheur ?

 

III. Le désir, moyen ou obstacle du bonheur ?

 

Désir : tendance puissante vers un objet imaginé comme source de satisfaction.

Pose un double problème : sa recherche est souffrance et tension, son atteinte déçoit et conduit à désirer un autre objet.Entre frustration et déception, ne nous laisse aucune chance d'être heureux. Pourtant, ne plus ressentir de désirs ne serait-il pas vécu comme une malédiction ?

Comment faire du désir le moyen, et pas l'obstacle, de notre bonheur ?

 Distinctions :

Désir besoin : nécessité objective et commune à tous → particulier et contingent.

Désir souhait : dont on ne cherche pas la réalisation → mobilise notre énergie.

Désir projet : dont on connaît les moyens de réalisation aussi clairement que la fin → imaginaire.

Désir penchant : qui nous incline par un effet de nos dispositions singulières → construit.

 

1. Trouver la juste mesure du désir ?

Pour les écoles de sagesse de l'Antiquité, le désir est une donnée naturelle externe qu'il faut apprendre à domestiquer. Mais vaut-il mieux apprendre à le satisfaire ou bien à l'ignorer ?

 a. Distinguer les désirs essentiels.

 Tous les désirs n'ont pas la même importance : certains sont tournés vers l'essentiel, d'autres sont sans objet (vains). Le désir est l'indice d'un manque : apprenons à distinguer le manque naturel, qu'on doit satisfaire, et le manque artificiel qu'il faut ignorer.

 Comment les reconnaître ? En se fondant sur la sensation, plutôt qu'en se fiant à l'imagination.

 Cf. texte d’Épicure n°1 p. 76 : le bonheur suppose une juste théorie des désirs, qui nous apprend à négliger ceux qui ne sont pas nécessaires à la vie, à la santé et à la tranquillité de l'âme. Le plaisir est le Souverain Bien, mais les plaisirs ne sont pas tous bons et les maux pas tous à fuir. La sagesse (ataraxie) consiste à fuir ce qui nous agite et chercher ce qui nous apaise.

 

Classification ordonnée des désirs => se donner ce qui est nécessaire à la tranquillité du corps et de l'âme, sans plus avoir aucune cause de troubles. Bonheur = sagesse d'un plaisir stable et permanent (ataraxie).

 

Pb : comment poser la limite des désirs nécessaires dans un monde d'artifice ? Et que vaut une conception du bonheur comme pure immobilité ?

 

b. Apprendre à ignorer le désir.

Limite épicurisme : ne permet pas de s'y retrouver dans le foisonnement des désirs récurrents. Mieux vaut ignorer tous les désirs pour n'être dupe d'aucun. S'habituer à penser que leur satisfaction ne dépend pas de nous et les traiter comme des pensées accidentelles.

 Cf. Épictète, n°3 p. 496 : Rien ne dépend de nous que nos pensées, les choses extérieures nous échappent entièrement. Pour être heureux, il faut apprendre à ne pas croire qu'on peut changer l'ordre des choses extérieures, mais se résoudre sagement à les vouloir telles qu'elles sont.

 Nous pouvons agir sur nos pensées, pas sur les lois du monde extérieur, soumis à la nécessité. Nos désirs appartiennent à nos pensées, leur objet réside hors de nous et de notre pouvoir. Donc, il faut s'efforcer de ne pas tenir compte de nos désirs. Le bonheur est dans la liberté d'une âme imprenable dans son for intérieur (in foro). Sagesse = apathie (absence de passions).

 Pb : discipline qui exige à la fois une immense volonté et un fatalisme difficile à admettre.

Nota bene : ces conceptions reposent sur des cosmologies (conception de l'univers) différentes. 

Cosmologie de l'Épicurisme : tout est hasard et causes contingentes. Seule manière d'être heureux : s'intégrer au moment présent avec intelligence pour trouver le plaisir le plus stable. (Cf. Carpe Diem. )

Cosmologie du Stoïcisme (Épictète) : tout est dans un ordre immuable et nécessaire. Pour être heureux, accepter ce qui arrive et essayer d'en saisir les lois universelles. (Cf. Abstine et sustine).

 Conception de l'homme comme immanent au monde sans possibilité de transcendance = > bonheur conçu comme adéquation à l'ordre de la nature. Mais l'homme s'éprouve dans une activité créatrice de réalisation de soi => dynamique nécessaire pour faire vivre la raison. 

 

2. Le désir, puissance motrice de la raison ?

 Désir est peut-être davantage puissance dynamique et vitale de la raison : un être de raison qui n'éprouverait aucun désir ne changerait rien à sa condition, ne produirait rien d'inédit. Mais un être vivant qui ne chercherait que son plaisir ne pourrait rien accomplir : il s'éparpillerait dans la diversité de ses plaisirs successifs.

 Le désir n'est-il pas alors l'expression sensible de notre puissance d'agir, le déclencheur irrationnel de notre action raisonnable ?

 Cf. texte Descartes, DM III (3ème maxime ). Il est impossible d'agir sur l'ordre du monde, tandis que nous pouvons ordonner nos propres désirs. Ils indiquent à notre volonté quelles actions semblent possibles à notre entendement. La question est donc de savoir ce qui est réellement possible, par un examen minutieux des fins et des moyens. Si on connaît clairement ce que l'on désire et les moyens d'y parvenir, on peut se contenter de ce qui est possible sans regretter ce qui ne l'est pas.

Pourquoi désirer des choses impossibles ? Parce qu'un excès de précipitation fait imaginer comme possible ce que la réflexion montrerait comme impossible.

Entreprendre seulement ce qu'on sait pouvoir réussir évite d'échouer - sauf pour des raisons étrangères à notre volonté (sans regrets) et permet d'être satisfait (objet conforme à ce qu'on projetait).

 

Pb : ramener ainsi le désir au projet, n'est-ce pas le priver de la structure sensible irrationnelle qui le fait vivre ? N'est-ce pas en détruire la fibre dynamique ?

 

3. Le désir, puissance d'accomplissement de l'homme ?

 

Le désir n'est pas réductible au projet : surgit et s'impose hors de tout calcul, mobilisant nos ressources vives.Ne nous laisse pas libre de planifier. « L'homme n'est pas un empire dans un empire », remarque Spinoza : il subit les lois de la nature comme tout les autres existants.

 

La puissance du désir ne serait-elle pas l'expression de la nature en nous ? La raison s'efforce de réaliser ce vers quoi le désir nous pousse. N'est-il pas vain de croire qu'elle peut le régir ?

 

Cf. Spinoza, Éthique -III. Le désir est le mouvement par lequel l'homme prend conscience de son effort pour persévérer dans l'existence. Il tend de toutes ses forces vers ce qui lui est nécessaire et s'imagine avoir le choix des fins. Mais lorsqu'il croit exercer son jugement et diriger sa volonté, il ne fait que réaliser son essence singulière.

Exister, c'est résister aux forces de décomposition : effort pour maintenir sa réalité singulière. Dans l'âme, effort = volonté. En l'animal = instinct. Chez l'homme = appétence : tendance active à se porter vers quelque chose, à s'en saisir, autant par le corps que par l'esprit.

Tout appétit est bon en soi, mais faute de le comprendre, nous en faisons mauvais usage. Les désirs nous égarent parce que nous ne comprenons pas vers quoi ils tendent. L'imagination leur attache des objets étrangers qui nous aliènent à de vaines apparences.

 

Pour se libérer => s'arracher à l'opinion arbitraire et trompeuse de la connaissance première.

 

Premier genre de connaissance (spontanée) : imaginaire, porte sur les apparences. Contradictoire et aliénante, source de superstition.

Second genre de connaissance (réfléchie)  : logique et rationnelle, de type mathématique. Porte sur la structure abstraite du réel.

Troisième genre de connaissance (rationnelle) : intuitive et radicale, porte sur les principes de l'ordre des choses.

 

Sagesse = Joie par la connaissance du troisième genre - divine, donc inaccessible ?

 

 

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Commentaires
S
Très intéressant malheureusement , chaque homme est différent et trouver l'intermédiaire , ou accepter la vie sans danger ,ou tenir compte des désirs vitaux, désirs plaisirs ou sourdine et maitriser,évaluer les risques ne sont pas de mon ressort.Manger ,dormir, ne m'élèvent pas.Contempler et mesurer le temps m'ennuient, c'est cette recherche constante de la surprise, du dynamisme ,l'emballement de la curiosité aventurière sans limites.Entière, plein la tête, le corps les autres le monde, le sablier tranquille me dépossède de mon e^tre surtout quand il est prévisible.MAIS CETTE MISE EN DANGER CONSTANTE ME FAIT PEUR ? JE VOUS REJOINS.
Mémo cours TL
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